dimanche 20 septembre 2015

Lum'en de Laurent Genefort

Lum'en est un fix-up de Laurent Genefort publié chez Le Bélial. Il regroupe plusieurs nouvelles qui forment un tout, un roman sur l'installation d'une colonie sur une planète lointaine. La plupart sont inédites, mais deux avaient déjà été publiées, et évidemment je les avais déjà lues... Du coup petite déception, heureusement contrebalancée par la qualité indéniable de ce planet-opera.

Imaginez une étoile avoisinant sept dixièmes de masse solaire... Si vous levez les yeux, il se peut que vous aperceviez son éclat blanc-jaune sur la face antérieure du bras spiral d’Orion, à sept mille parsecs du centre galactique. Le système de Grnc.mld1 compte six planètes : cinq telluriques et une gazeuse. De ces six planètes, Garance est la seule qui évolue dans la zone d’habitabilité. Lum’en relate la colonisation de Garance, une planète comme tant d’autres, du moins en apparence… L’histoire de ces femmes, de ces hommes rudes lancés à la conquête d’un monde, le récit des luttes de ces pionniers qui, au fil des générations, vont écrire la plus exceptionnelle des aventures, la plus terrible, aussi, celle de l’ancrage, du développement puis, inéluctable, du déclin d’une colonie dans les confins. L’essence même de la nature humaine, en somme, la quête d’horizons nouveaux. Quitte à rater l’essentiel…

Lum'en de Laurent Genefort est une sorte de condensé de la SF de colonisation, autant vous dire une bien agréable lecture, d'autant plus que c'est un fix-up. L'histoire se passe dans l'univers des Portes de Vangk créé par l'auteur et maintenant bien connu des lecteurs, sur la planète Garance, à diverses étapes de sa colonisation.

Au début de l'histoire, une entité, Lum'en, est emprisonnée à l'intérieur de la planète. Abandonnée par ses semblables, elle se met en sommeil, avant de constater une activité inhabituelle à la surface : les hommes ont débarqué. C'est en fait Lum'en qui fera le lien entre toutes les nouvelles, prenant vaguement conscience des bouleversements qui se produisent.

Le premier texte, Site Alpha, m'a fait penser à du Léourier. Un homme, religieux, veut recréer une communauté "pure" grâce à deux enfants qu'il a fait naître à partir d'embryons importés illégalement sur Garance. Les trois personnages vivent cachés loin de la colonie, mais néanmoins l'adulte perpètre des vols dans la ville. Un jour le garçon devenu adolescent le suit, et découvre que contrairement à ce qu'on lui a toujours appris, ils ne sont pas seuls au monde... Lui qui avait pour seule occupation d'étudier la faune et la flore de Garance va enfin rencontrer ses semblables.

D'ailleurs dans ce livre, la faune et la flore sont très importantes, mais dédaignées voire peu à peu éliminées par les humains. Car les hommes ne peuvent assimiler les ressources de Garance : impossible de consommer ou d'exploiter (facilement) quoique ce soit d'autochtone. Dès lors ils méprisent leur environnement (déjà celui de la Terre, qu'on exploite bien, on ne le respecte pas !), et malgré le doute sur l'intelligence supposée des pilas, petits êtres vivant dans les arbres, ils les considèrent comme des animaux. Ce qui arrange bien les pionniers, car au-dessus d'un certain niveau de conscience, il y a des règles : pas de colonisation. Certains colons pourtant se rebellent, ils veulent communier avec cette nature, s'intégrer dans leur nouvel environnement. C'est le sujet de Colonie légère.

Une des nouvelles que j'avais déjà lues, et que j'ai relue avec plaisir, place justement le lecteur du point de vue de ces créatures indigènes. Parue dans Destination Univers, La Clairière des Dieux Bruyants raconte le périple de deux pilas curieux de rencontrer ces géants qui leur paraissent être des dieux. Un texte original, très coloré, mais plutôt triste qui renverse intelligemment le point de vue du lecteur depuis le début de l'histoire.

J'ai énormément apprécié la seconde partie du livre, très probablement parce qu'elle raconte le déclin inéluctable de cette colonie qui a finalement toujours été bancale, coincée entre les exigences de rendement des multimondiales, la bêtise humaine et une planète hostile. Cet effondrement est un plaisir à lire (oui je suis vicieuse, j'adore aussi le post-apo, et les zombies). Une des nouvelles les plus marquantes est celle qui met en scène un diplomate venu liquider la colonie, qui devra surtout éviter de se faire liquider lui... Elle s'intitule Déclinopole

Je dois dire que la toute dernière nouvelle, Zone Ø, est elle aussi une réussite, pleine d'un désespoir lumineux, mais pas vraiment un point final,  plutôt la recherche d'une rédemption... Beau texte (post-)apocalyptique mais pas que !

A noter, superbe illustration de couverture de Manchu :


Pour résumer, Lum'en de Laurent Genefort chez Le Bélial est un fix-up d'une grande qualité. L'auteur y met en avant les contradictions de l'Homme, à la fois découvreur, bâtisseur et autodestructeur. Empli de poésie, d'imagination et de réflexion, Lum'en est un planet-opera qui m'a beaucoup plu. J'ai souvent pensé au cycle de Lanmeur de Christian Léourier, une référence en matière d'histoires de colonisation spatiale. A lire !

L'avis de Xapur, Cornwall

Lecture n°2 pour le challenge CRAAA
Lecture n°7 pour le challenge SSW
Lecture n°6 pour le S4F3

Lum'en
de Laurent Genefort
Le Bélial - Mai 2015
320 pages
Illustration de couverture de Manchu
Papier : 19€ / Numérique : 7,99

8 commentaires:

  1. Ben et moi alors, on m'oublie ? ;)
    Très bon roman, je crois qu'il va me laisser un souvenir très net pendant longtemps.

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  2. Désolée comme j'avais la flemme je me suis basée sur le site du Bélial :p
    Je corrige dès que j'ai internet sur un ordi.
    Excellente lecture c'est vrai.

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  3. Ca a l'air trop bien ce bouquin. Ptètre je me l'achèterai aux Utos *_*

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  4. Du coup, j'ose à peine faire entendre ma voix de "c'était bien, mais pas autant que je l'aurais voulu", avec tous ces éloges !

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  5. Heureusement qu'on n'est pas tous du même avis, on s'ennuierait !

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  6. Si si il est dispo en e-book, amazon, decitre... bonne lecture.

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    1. Effectivement, la version numérique est parue quelques mois après ma chronique, je corrige ça.

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