vendredi 21 décembre 2012

Béni soit l'atome de Barjavel

Le pitch :
Anicette a le sourire doux comme l'aurore et le cœur aussi pur qu'une goutte de rosée. Genête est une petite fille aux yeux immenses, dotée de pouvoirs mystérieux. Péniche, lui, est un naïf aux grands pieds, solitaire au milieu des bois, incapable d'apprendre le pas des militaires.
A eux, cœurs purs, les secrets révélés de l'amour et son éternelle félicité. Quant aux autres ergoteurs, jaloux, envieux, toujours en quête d'une improbable et vaine perfection, à eux les guerres sans fin, les cataclysmes et les misères d'une absurde condition humaine...
Mais dans la poudre et le sang, à coups de canon et d'explosions atomiques, aujourd'hui, demain, sur terre, au ciel ou dans les mains miraculeuses d'une fillette, le même destin s'accomplira jusqu'à son terme...

Mon avis :
Béni soit l'atome est une nouvelle parue dans le Librio à 10F (ah le bon temps !!) éponyme. Publiée pour la première fois en 1946, cette courte histoire de Barjavel nous ramène après-guerre.

"Tant que les bombes existent, elles peuvent servir."

Suite à la seconde Guerre Mondiale, tous les pays, même les plus "insignifiants" se sont dotés de l'arme nucléaire. C'est un de ces petits états qui va déclencher volontairement une guerre totale et donc quasiment la fin du monde, entrainant des bouleversements climatiques qu'on imagine. Il n'est bien sûr nulle question des radiations. Seuls les passagers des "stratobus" survivront et iront s'installer au Groenland.

5000 ans plus tard, les hommes ont colonisé la galaxie et ont appris à vivre avec la peur des bombes. Ils vivent en sous-sol. Mais ce n'est pas pour autant qu'ils ont appris de leurs erreurs...

D'abord, ce qui m'a frappée, c'est le charme désuet de ce récit qui se ressent particulièrement dans la description des technologies de pointe ! Le trajet Paris-New York n'est plus qu'une formalité du type voyage en RER dans des stratobus avec pilote automatique.

"Valentin Durafour n'eut même pas à intervenir. Son véhicule, qui portait le numéro B312, releva le nez, et monta à la vitesse d'une comète vers l'azur, échappant de justesse au singulier bourgeonnement qui venait de réduire l'immense cité à un simple mélange de ciment pulvérisé, de chair vaporisée, de débris cuits et tire-bouchonnés."

Ce récit est représentatif de ce que pouvaient éprouver les gens à l'époque. Barjavel nous plonge directement dans les peurs d'après-guerre : celle du nucléaire, de la fin du monde... Tous les pays du monde ont percé le secret de LA bombe. C'est là que même si l'on ne connait pas la date de l'écriture, on devine assez bien qu'on se situe entre 1945 et 1950. On ressent encore la désuétude du récit :

"Les procédés de fabrication de la bombe étaient connus.
Ils figuraient dans les manuels à l'usage du baccalauréat." 

Bon ensuite, l'humanité a décidé de vivre sous terre, ce qui lui éviterait de se reprendre des bombes dans la figure. Oui mais vivre en sous-sol, ça n'aide pas pour la lumière. Et bien Barjavel a une solution toute trouvée.
"La lumière du soleil, captée au-dessus des nuages et transmise par télévision,
inonde notre monde souterrain de ses rayons bienfaisants."

J'en viens au meilleur, parce que c'est merveilleusement d'actualité : Barjavel évoque l'e-book.

"[...] la bibliothèque électrique qui lui permet de faire dérouler, sur son écran de poche ou d'appartement, le texte de tous les livres du monde [...]"

Quoiqu'il en soit, l'auteur met tout de même en garde ses lecteurs sur la reproduction des erreurs et l'oubli des catastrophes passées, enfin sur la connerie humaine quoi.

"Par mesure de défense, nous avons attaqué les premiers."

Pour terminer, à ceux qui ont en tête la réputation misogyne de Barjavel, vous dites n'importe quoi, il ne peut pas dire de mal des femmes, il n'y en a aucune dans cette histoire ! ;-)

Enfin voilà, j'ai passé un bon moment à sourire devant cette courte nouvelle représentative de son époque, tant dans la peur du nucléaire et de la guerre, de la reproduction des erreurs, que dans l'imaginaire technologique ringard mais parfois pertinent !


PS : en même temps, quand on voit la Corée du Nord envoyer des "fusées" dans l'espace, on peut peut-être se mettre un peu à flipper comme à l'époque.

Dernière lecture avant la fin du monde !
Lecture n° 3 dans le cadre du challenge
Je lis des nouvelles et des novellas

CITRIQ

3 commentaires:

  1. Roh il est misogyne le Barjavel, c'est juste que ses femmes ne sont que des petites choses pures et innocentes qui font la cuisine et se marient avec le héros en général *sors*.

    Ca a l'air bien fun comme texte, faudra que je regarde s'il traine en occas à Gibert (mais ça devient de plus en plus dur à trouver les Librio ces temps-ci...)

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  2. C'est tout à fait sympa et désuet à lire, un régal !

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  3. pas si désuet que ça et même visionnaire par certains côtés.

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