vendredi 15 juin 2012

Métaphysique du vampire de Jeanne-A Debats

Le pitch :
Raphaël est un drôle de vampire. Non seulement il est vieux et immortel, mais il entretient un rapport ambigu avec le Vatican. Pour tout dire, il travaille en sous-main pour lui… comme espion assassin. Normal, avec ses dons de vision, ses capacités surnaturelles, il ne peut être qu’un agent hors normes ! Or, voici qu’il se rend au Brésil, mis sur la trace d’une autre créature de la nuit dangereuse, qu’il doit capturer… ou éliminer. Accompagné d’un prêtre, Ignacio, et d’une vampire, Dana, le voici embarqué dans une sombre aventure où la moindre erreur de jugement peut se révéler fatale. Mais Raphaël pense. Lui.

Mon avis :
Pour vivre heureux et immortels, vivons stupides.

Je n'aime pas les livres de vampires. Je n'aime pas la métaphysique, d'ailleurs je n'y comprends pas grand chose.

Il y avait donc peu de chances que je lise ce petit roman qui avait presque tout pour me faire fuir !

J'insiste sur le presque : il est quand même publié chez Ad Astra - j'ai des affinités littéraires nombreuses avec Xavier Dollo - et écrit par Jeanne-A Debats, une auteure que je respecte énormément depuis que j'ai lu ses deux petits bijoux chez Mini Syros Soon (l'Enfant Satellite et l'Envol du dragon), de la vraie bonne SF pour les enfants.

Et puis il y a aussi eu la chronique de Phooka sur Book en Stock, qui a achevé de me convaincre. C'est sa faute.

D'abord, une mise au point est nécessaire. A mon humble avis, ce roman n'est pas de la bit-lit ! Youpi ! A la lecture j'ai décidé que c'était un récit fantastique, certes parsemé d'Urban Fantasy, dont l'auteur a pris plaisir à détourner les codes. Mon honneur est sauf.

Raphaël, de son vrai nom Navarre, est un vampire vieux de plusieurs siècles. Étonnamment, il travaille pour le Vatican en traquant les monstres que son employeur lui désigne. Cette fois, c'est un nazi en fuite au Brésil qu'il va devoir retrouver, et c'est pas un rigolo. Il y retrouvera son ami le prêtre Ignacio et y fera la connaissance de Dana, une jeune vampire qui a fait l'expérience des camps...

Raphaël est un personnage très construit et complexe. Grâce à la narration à la première personne, que j'apprécie particulièrement dans les romans, on en apprend beaucoup sur ce qu'il pense du monde qui l'entoure. Un peu moins sur son passé, mais quelques-unes de ses fêlures nous sont dévoilées. On appréciera dans ce récit le style Jeanne-A Debats, direct, franc et ironique.

L'action est omniprésente et il n'y pas vraiment de pause dans l'histoire, qui réussit quand même le tour de force de nous faire réfléchir à diverses notions :
  1. Jeanne-A Debats y compare le vampire à l'humain "normal" : des deux, lequel est le plus monstrueux ? Le vampire qui vit sa petite vie tranquille, ou le nazi psychopathe ? 

    C'est mon travail de traquer les monstres. J'en ai connu beaucoup.
    Brièvement. Ils étaient tous humains à la base.

  2. La religion chrétienne est maltraitée, ce qui fera sourire les athées tels que moi. L'auteur souligne entre autre le double jeu du Vatican lors de la Seconde Guerre Mondiale et nous offre un inquisiteur odieux et de belles réflexions du style :

    J'ai entendu dire qu'énormément de gens perdent la foi à Rome. C'est vrai qu'il suffit de se promener dans la Basilique pour prendre conscience de l'ampleur des spoliations de la Sainte Église Catholique Apostolique et Romaine.

  3. Ah la métaphysique, mais qu'est-ce que c'est que cette bête ? Voici la définition Wikipédia, et pour ce que j'en sais, ce titre est un clin d'oeil à un loooong débat sur le forum d'ActuSF, que j'ai commencé par suivre avant d'être complètement larguée. J'ai même fini par laisser tomber le forum, parce que je préfère parler de livres.
J'ai failli oublier : Jeanne-A Debats a totalement réinventé le pourquoi de la légende selon laquelle les vampires ne peuvent entrer dans un foyer sans invitation. L'explication m'a bien plu !

Enfin, j'ai beaucoup apprécié la description du Brésil (à part les favelas évidemment) qui m'a sérieusement donnée envie de soleil (je ne suis pas un vampire moi !) et de flore tropicale...

A la fin de l'ouvrage, une courte interview de l'auteur nous est proposée par les Editions Ad Astra. Je dois dire que c'est une super habitude qu'ils ont prise et j'apprécie toujours la découverte du point de vue de l'auteur sur son œuvre. Je trouve que c'est réellement un complément à la lecture, comme dans l'intégrale de Lanmeur de Léourier (même éditeur) ou Ainsi naissent les fantômes de Tuttle (Editions Dystopia). J'ai notamment pu trouver des réponses à certaines questions qui me sont venues durant ma lecture, entre autres sur l'utilisation du Je et sur l'année 1968 comme contexte.

Il m'a seulement manqué une bibliographie des nouvelles qui mettent déjà en scène certains personnages de Métaphysique du vampire. (Edit : Jeanne-A Debats nous propose maintenant cette bibliographie sur son blog !)

Il semblerait qu'à l'avenir Jeanne-A Debats ait envie de continuer à explorer l'univers et les personnages de MdV, pour mon plus grand bonheur !

En bref, voici un court roman fantastique mâtiné d'Urban Fantasy, incisif et intelligent, que je conseille vivement à ceux qui n'aiment pas les vampires et à ceux qui voudraient découvrir une autre image du suceur de sang que celle d'Edward Cullen. Lu en une soirée.

Et puis 13€ franchement.



CITRIQ

4 commentaires:

  1. Commet ça c'est de ma faute?mdr

    je suis contente que tu aies apprécié ta première lecture bit-lit! Si,si , j'insiste lourdement : bit-lit!!!

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  2. Bon, allez, de la fausse bit-lit on dira :))

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  3. Il semblerait bien que ce soit de la bit-lit détournée selon la définition de wikipédia, avec de l'urban fantasy. Et en fait bit-lit c'est différent de romance paranormale, ce que je ne savais pas !!

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