mercredi 25 avril 2012

Les Tangences divines de Franck Ferric

Le pitch :
Lorsque Théodule, égoutier à Paris, décide de lever le pied sur un job qui l'épuise et une vie de couple bancale, il espère pouvoir se la couler douce un moment. Mais c'est sans compter sur l'arrivée de deux vieilles gloires décaties persuadées que leur salut tient à la redécouverte d'un dieu antique, qui viennent frapper à sa porte pour le contraindre à leur prêter main forte.
Embringué dans une histoire qui le concerne sans doute plus qu'il ne l'imagine, l'égoutier croisera des nains ratatinés, des dieux amateurs de blues, des déchus à tête de chacal et des nymphes rapiécées. Autant de guides splendides et misérables, qui le conduiront aux confins des tangences divines.
Une chose est certaine : si les dieux de jadis ont salement perdu de leur superbe, ce sont toujours de fieffés escrocs. 

Mon avis :
Voilà un ouvrage de Franck Ferric, publié aux Editions du Riez, qui a de la gueule : une couverture à tomber signée Bastien Lecouffe-Deharme (l'auteur du splendide Memories of Retrocity), et un titre qui en jette aussi il faut bien le dire Les Tangences divines, on se dit wahou ! Surtout si, comme moi, on avait adoré  son premier roman, La Loi du désert, un post-apo à lire absolument.

Alors, a-t-on raison de se dire wahou ? J'aurais tendance à dire oui, avec une petite nuance tout de même, n'abusons pas.

Dans ce roman, Théodule, égoutier de Paris (un des détails qui m'a donné envie de lire cette histoire), homme ordinaire, prisonnier d'un mariage qui bat de l'aile, va rencontrer des dieux oubliés, qui vont lui confier une mission de la plus haute importance : retrouver l'un d'entre eux qui a disparu et que d'ailleurs la plupart croit mort. Il va vite se retrouver pris dans une spirale incontrôlable. Mais notre égoutier est-il vraiment si ordinaire que ça ?

Comme je le disais, le côté souterrain du récit m'a plu tout de suite, au sens propre, dans les égouts (enfin propre haha !) comme au figuré avec cette quête dans les tangences. Les dieux, nymphes et oracles dont Théodule va faire la connaissance sont déchus, oubliés, voire même carrément clochards. Franck Ferric puise ses références dans les diverses mythologies, qu'elles soient grecque, nordique, vaudou... J'ai parfois eu la tentation d'aller consulter mon ami wikipédia pendant la lecture pour trouver des indices ! (Mais dans mon lit, la nuit, ce n'était pas évident). Heureusement, vous trouverez en fin d'ouvrage une annexe des plus intéressantes, mais mieux vaut n'en prendre connaissance qu'après avoir terminé le livre.

Parallèlement, notre héros va aussi rencontrer les nouveau dieux, créés par notre société de consommation, que l'auteur égratigne joyeusement au passage : Écho est devenue Publicité, et le puissant dieu Dollar règne en maître. On retrouve aussi une critique clairement affichée et humoristique du christianisme, et du dieu unique que les autres dieux nomment ironiquement "Les Uniques", parce que quand même il se l'est un peu pété le temps qu'il était là avec son histoire de Trinité (oui car il n est plus là, mais en doutiez-vous ?)

L'auteur nous brosse aussi le portrait de personnages savoureux, tel Silène, le dieu clochard ou encore Montaigu, ce grand égoutier noir, fan de blues, qui en cache plus qu'on ne le pense...

Seul petit bémol, le parcours initiatique de Théodule m'a parfois ennuyée. Je m'explique : pour trouver les tangences divines, il faut être ivre et se perdre. En résultent pas mal de déambulations dans Paris, d'abord plaisantes, mais que j'ai parfois fini par trouver longuettes.

Finalement, ce roman se révèle accrocheur et de qualité, inventif et ironique, bien servi par le style fluide de l'auteur. Il ne lui manque qu'un petit quelque chose de plus palpitant pour faire l'unanimité de moi-même (appelez-moi les Uniques). 

Rappelons qu'il est nommé pour le prix révélation adulte des Futuriales 2012, et ça c'est la classe.

Alors, M'sieur Ferric, quand pourra-t-on de nouveau lire un de vos romans ? Il rejoindra sans nul doute ma bibliothèque !

Ce qui me fait penser que j'ai encore Révolutions de cet auteur, aux Editions Souffle du Rêve, à lire. Chouette !

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